UN PEU D’HISTOIRE

Naissance du karate shotokan

Shōtōkan-ryū (松濤館流, Shōtōkan-ryū?) est un style d’art martial japonais, qui fait partie du karaté-do. Il est issu de l’école Shorin ou Shōrin-ryū de maître Matsumura (1809-1896), qui a donné naissance, grâce à ses élèves, à de nombreux styles différents de karaté. L’un de ses élèves, appelé Gichin Funakoshi (1868-1957), devenu maître à son tour, développa son propre style et l’appela Shōtōkan. Les autres élèves de Matsumura, devenus maîtres à leur tour, développèrent d’autres styles de karaté comme Shito-ryūGōjū-ryūKyokushinkaikenpō, Shinkai, etc.

Historique

La voie de Bodhidharma

La légende raconte que Bodai Daruma (Bodhidharma), un moine bouddhiste indien, après un long voyage, demanda asile aux moines du monastère de Shaolin en Chine, vers l’an 520 apr. J.-C. Voyant ses disciples s’épuiser lors des longues méditations, il conclut que la recherche de l’illumination par le zen ne devait pas se faire au détriment du corps, mais plutôt par l’union du corps et de l’esprit.

Il enseigna donc à ses disciples une série d’exercices physiques destinés à renforcer le corps. Cette méthode d’entraînement basée sur la respiration et sur des techniques de combats à poings nus ou avec un bâton, se propagera plus tard en Chine sous le nom de kenpō, littéralement la « méthode des poings ». Les historiens[Lesquels ?] ont montré que ce mythe a été inventé au xviie siècle[réf. souhaitée].

Okinawa, le berceau du karaté

Okinawa, qui signifie « corde sur l’océan », est l’île principale de l’archipel des îles Ryūkyū, au sud du Japon. Point de rencontre traditionnel des cultures chinoise et japonaise, l’île d’Okinawa devint l’endroit où naquit la forme définitive du combat à mains nues. Durant la domination japonaise sur Okinawa, l’emploi des armes fut prohibé une deuxième fois, ce qui obligea les habitants à mettre au point des méthodes de combat particulièrement efficaces, en se servant uniquement de leurs poings, de leurs pieds et aussi d’instruments aratoires.

Voila pourquoi les applications de certaines techniques de karaté sont aujourd’hui difficiles à expliquer : elles servaient à l’origine a lutter contre des sabres, des lances, des naginata

Un mélange de tō-de, des formes locales de combat ou encore importées d’autres endroits, finit par donner naissance à la méthode appelée Okinawa-te, qui se développera suivant trois styles de base : Shuri-teNaha-te et Tomari-te. De là ressortiront les écoles suivantes : celles de Miyagi Chojun, fondateur du Gōjū-ryū ; de Mabuni Kenwa, père du Shitō-ryū ; de Otsuka Hironori, fondateur du Wadō-ryū ; de Nagamine Soshin, un des pères du style Shōrin-ryū et de Funakoshi Gichin, qui créa la Shōtōkan-ryū. En 1902, le gouvernement d’Okinawa introduit l’Okinawa-te dans les écoles secondaires. Itosu Yasutstune devient le premier instructeur. Par la suite, plusieurs maîtres iront enseigner leur art martial hors de l’île. Funakoshi fut un de ceux-là.

Yasutsune Itosu

La « main sacrée du Shuri-te », Itosu est né à Shuri en 1830. Fils de fonctionnaire, disciple de Matsumura Sokon dès l’âge de 16 ans, il est devenu un des artistes martiaux les plus respectés à Okinawa pendant le xixe siècle. Il a été le secrétaire particulier du roi de l’archipel des îles Ryūkyū. C’est en grande partie grâce à lui que nous est parvenue la tradition du Shuri-te, l’école de Sokon Matsumura. Une de ses grandes contributions était la croyance ferme de l’importance du développement de la personnalité de la personne à travers l’étude des katas et du bunkai, l’application technique des katas.

En 1901, lorsque le gouvernement d’Okinawa introduisit le karaté dans les écoles, Maître Itosu devint la première personne à enseigner le tō-de à l’école primaire Shuri-jinjo. À cette époque, la conception de l’éducation physique était militariste, les médecins militaires se rendaient compte lors des examens que les pratiquants de cet art martial étaient plus robustes. Gichin Funakoshi commencera à cette époque à étudier le tō-de avec sensei Itosu. Ce dernier enseignait un tō-de de style Shôrin, caractérisé par une grande mobilité et des techniques longues.

Sokon Matsumura

Surnommé le « guerrier » (bushi), Matsumura est né en 1797 dans la ville de Shuri sur l’île d’Okinawa. Expert de l’Okinawa-te de style Shorin, il a eu comme professeurs d’arts martiaux Sakugawa, Kushanku, Iwah et un des maîtres de l’école de kendo, Jigen du clan de Shimazu, de Satsuma, Yashuhiro Iujin. Il a travaillé comme officier et garde du corps pour les trois derniers rois des Ryūkyū.[réf. nécessaire]

Il a habité en Chine autour de l’année 1830. À son retour à Okinawa, il fonde son école et commence à enseigner son style, le Shorin-ryū gosoku-an karate (« karaté Shaolin pour la défense de la patrie »), une forme chinoise modifiée. Parmi ses étudiants les plus connus, nous pouvons nommer Kyan, Yabu, Itosu et Azato[réf. nécessaire]. De temps en temps, il enseignait aussi à Funakoshi. Cependant, sa plus grande influence s’est faite par le biais des deux maîtres Azato et Itosu. Selon Matsumura, si on veut comprendre l’essence des arts martiaux, on doit étudier intensément. On reconnait ici le précepte 20 du niju kun.

Azato Yasuzato

Peu connu, un des meilleurs disciples de Matsumura, Azato est reconnu grâce au fait d’avoir enseigné à Funakoshi. Pourtant, il était considéré comme le plus grand expert de karaté de son époque lorsqu’il a commencé à enseigner à Funakoshi. Ce dernier commence la pratique de l’Okinawa-te vers l’âge de 15 ans avec Azato, qui est le père de son maître d’école. À l’époque, l’art martial d’Okinawa n’était pas enseigné au grand public. Les cours avaient lieu la nuit clandestinement, loin des regards indiscrets. Son apprentissage se déroula d’une façon traditionnelle pour l’époque.

Il s’agissait alors de pratiquer un seul exercice et de passer au suivant uniquement lorsque le Maître estimait que le karatéka était capable de la réaliser parfaitement. L’apprentissage d’un kata pouvait ainsi durer plusieurs années. Un kata en trois ans était une expression coutumière dans les anciens budo. Adepte de l’art du sabre de l’école Jigen, c’est de lui que nous vient un des préceptes du niju kun : « Considérez les bras et jambes des gens comme des épées. »

Gichin Funakoshi : créateur du Shōtōkan

Gichin Funakoshi.

Shomen Gichin Funakoshi est considéré comme le père du karaté moderne. Il est l’importateur du karate-dō au Japon et créateur du style Shōtōkan, il a fait évoluer la forme initiale du karaté d’Okinawa.

Né en 1868, Funakoshi vécut dans le district de Yamakawa-Chô sur l’île d’Okinawa. L’ère Meiji débutait, l’homme était alors très cultivé et de surcroît poète. Sensible au code moral de ses ancêtres, il observait rigoureusement les interdits d’autrefois, et considérait au vu de ces principes que le samouraï se doit en toute occasion de renvoyer une image impeccable.

À l’origine, Funakoshi pratiquait les deux écoles qui dominaient (Shorei-ryū et Shorin-ryū). Après une dure pratique de ces deux formes de karaté, Funakoshi parvint à développer une nouvelle forme de karaté, un modèle plus simple, combinant les idéaux de Shorei-ryū et de Shorin-ryū. Le karaté qu’il enseigna à ses étudiants reflétait les changements opérés par Anko Itosu, y compris la série de katas de heian/pinan. Funakoshi changea également les noms des katas de son programme d’étude, dans un effort de rendre les noms « étrangers » d’Okinawa plus agréables aux oreilles des Japonais.

Le maître Gichin Funakoshi, en tant que président de la Okinawa Shobukai, une association de karaté, fut convié en mai 1922 par le ministère de l’Éducation à prendre part à une démonstration, agréée par le gouvernement nippon, organisée à Tokyo. Cette démonstration mettait en scène les arts martiaux traditionnels du pays, parmi lesquels le karaté. C’est ainsi qu’il fut le premier héraut du karaté-jutsu, discipline originale en provenance d’Okinawa (de l’archipel des Ryūkyū). Il devait alors, pour satisfaire les requêtes de nombreux individus, s’installer dans la capitale et y travailler à vulgariser son art martial. Le karaté Shōtōkan fut officiellement reconnu en 1939.

Avant de s’éteindre en 1957, Gichin Funakoshi forma de nombreux élèves : Obata, Okuyama, Egami, Harada, Hironishi, Takagi, Ohshima, Nakayama, Nishiyama, Kanazawa HirokazuTaiji Kase.

Évolution du Shōtōkan

À la suite de Gichin Funakoshi, certains de ses élèves développèrent, à leur tour, également, leurs propres styles de karaté. Il existe donc des sous-variantes du style Shōtōkan. En voici quelques-unes :

  • Maître Ohshima a développé le Shōtōkan Ohshima, orienté sur le style Gishin Funakoshi1 (la famille Funakoshi avait confié à Ohshima la traduction du 2e livre du maître, Karate-dō kyohan). Ce style est représenté en France depuis 1964 par l’organisation France Shotokan.
  • Maitre Taiji Kase (1929-2004) a développé le Shōtōkan ryū Kase ha, orienté sur le style Yoshitaka Funakoshi (le fils de Gichin Funakoshi) et sur sa morphologie bréviligne2. Il est représenté en France entre autres par l’organisation IEKS (Institut d’enseignement du karaté-do Shotokan Ryu Kase Ha).
  • Maître Masatoshi Nakayama : créateur de la Japan Karate Association (JKA).
  • Maître Nishiyama a développé le Shōtōkan ryū Nishiyama, avec une orientation militaire3.
  • Maître Kanazawa a développé le Shōtōkan ryū Kanazawa, avec une orientation vers le tai-chi-chuan4.